Les bouchons obstruent aussi les bronches.

Le 10/08/2022

Bison Futé a beau nous prévenir, nous supplier parfois d’attendre et de nous organiser, quand les heures des grandes transhumances se profilent, nous nous faisons un malin (au sens mauvais) plaisir (tu parles !) de nous assembler en cohortes serrées sur les jolies autoroutes des vacances.
Le sens joyeux, des départs étant aussi celui des retours, dans l’autre sens moins joyeux, tout concourt à ce que la saturation s’impose. 

Au-delà de la patience et de la quiétude, les bouchons sont-ils destructifs pour autre chose ? 
Autrement formulé, pour faire le rapport direct avec la mesure de la qualité de l’air : combien de nouvelles maladies respiratoires se déclenchent-elles quand nous honorons la vieille tradition des encombrements estivaux ?

Posons-nous une question simple.

Nous savons que respirer des gaz d’échappements, beaucoup trop, plus des frottis des pneus et de freins, provoque et installe des détresses respiratoires, légères mais pénibles ou pires, des maladies mortelles. Par esprit de conciliation, nous n’allons pas décompter l’influence des pauses cigarettes, et pourtant, leurs conséquences sont parfois meurtrières.

Facteur brûlant, relativement nouveau, dont nous commençons seulement à percevoir l’effet, la généralisation des feux saisonniers, non content de détruire les forêts répartissent dans l’atmosphère des produits de combustion aussi dangereux que ceux de nos pollutions artificielles. Les incendies provoquent aussi des arrêts de la circulation infligeant une double dose de nuisances aux malheureux vacanciers qui y sont confrontés.

Une illustration quasi parfaite du triptyque Environnement/Santé/Sécurité que nous décrivons à chaque fois qu’il est question de s’intéresser à la mesure de la « qualité de l’air ».

Alors, combien de nouvelles victimes allons-nous déplorer par kilomètre de dégradation, prévue mais non désirée, de nos voies routières à extérieur et bronchiques, à l'intérieur.

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D’accord, ce n’est pas très festif, cela alourdit, ou plutôt noirci, l’ambiance car, si nous n’avons plus de plomb dans l’essence, il nous reste plein de choses à assimiler, depuis le CO2, les polluants imbrûlés, les Nox ou oxydes d’azote et enfin les fameuses particules PM 2.5 et PM 10.

Commençons par évaluer la quantité de véhicules bloqués dans l’événement record, le week-end d’échanges de vacanciers à la jonction des mois de juillet et d’août, le samedi en particulier. L’information fournie par Info Trafic, généralement considérée comme très fiable et rarement contestée, indique un record pour l’année de 820 km de bouchon.

Ce qui se traduit pour les automobilistes par une très forte diminution de la vitesse de circulation ponctuée par des d’arrêts simultanés, pendant une période de quatre heures, réparties dans la journée. Le tout en France métropolitaine, nous pourrions étendre la réflexion au niveau Européen par la suite.

Nous ne parlons que des autoroutes payantes et des quelques voies express gratuites mais au statut proche (Bretonnes), soit les grands axes à 3 et 2 voies. Par esprit de simplification, n’ajoutons pas les quelques tronçons à quatre voies et plus, les zones de raccordements entre deux A majeures ou les abords des péages, qui se transforment en jolies nasses.

Nous allons convertir le bouchon en un long fil métallique épais : admettons qu’il soit constitué pour un tiers de trois voies et le reste en deux voies. Cela nous donne 275 Km de trois voies bloquées et 550 Km de deux voies subissant le même sort.

Convertit en linéaires angoissants, nous obtenons 850 Km plus 1100 Km pour nos deux longs serpents d’asphalte lents et constipés. 
Notre pic de non-circulation se représente comme un ruban de 1950 Km finement incrusté de véhicules. Ce sont des voitures dans une écrasante proportion, épaulées par les caravanes et les motor-homes. Les camions de travail ne circulent qu’à faible dose les grands Week-end des vacances. Quant à la plupart des motards ils évitent judicieusement l’autoroute ainsi que le contact rapproché avec ce qui se présente comme un mur dense d’automobiles.

Près de deux mille kilomètres de développé vont servir de parking éphémère, à près de 200 caisses par kilomètre, chacune s’épanouissant dans un espace moyen de 5 mètres. Bien des véhicules, sont certes plus courts, imaginons toutefois que dans leur infinie sagesse, les automobilistes fatigués, déshydratés, en proie aux hurlements des enfants et aux vociférations de certaines catégories d’adultes, non, pas plus les belles-mères que d’autres, gardent assez de calme et de lucidité pour ne pas trop se frotter les uns aux autres.

380.000 à 400.000 boîtes de métal et plastiques, montées sur caoutchouc fonctionnant aux hydrocarbures en mal de combustion, se suivent lentement laissant leurs occupants baigner dans un mélange gazeux délétère, pendant plusieurs heures qui plus est. Qui est concerné ?

C’est les vacances ! On charge au maximum. Alors que dans le sempiternel bouchon urbain de la semaine, nous trouvons un à un et demi occupant par véhicule, nous allons passer à trois et demi à quatre et demi, pendant que ce qui devrait être un moment de grand repos se transforme en long défilé aux mouvements syncopés.

Le million d’êtres humains, de tous âges, sexes et conditions physiques, est largement dépassé, tous unis dans un point sombre : il va y avoir de l’asthme, de la toux, des bronchiolites, des bronchites, des obstructions de toutes sortes, dont une proportion croissante s’avérera létale à moyen ou long terme.

Au cumul de cette longue et pénible activité grégaire, nous avons dispersé pas loin de 6.300 tonnes de Co2, 1.000 tonnes de polluants irritants issus de combustions imparfaites, autant de Nox et des quantités moins spectaculaires de particules fines, quelques dizaines de kilos, qui compensent leur faiblesse numérique par leur formidable aptitude à s’incruster partout, depuis les douces muqueuses de notre appareil rhinopharyngé aux dures-mères qu’elles traversent sans peine pour accéder à nos cerveaux.

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De quoi se rendre très malade.

Dernier point, il reste à savoir qui le sera, et combien seront touchés.

Si l’on compare le placide bouchon saisonnier aux habituelles pollutions urbaines, nous évaluons que le déclenchement d’une détresse respiratoire toute neuve par kilomètre, depuis la forte indisposition jusqu’à la maladie chronique, est un chiffre crédible. Il existe une forte ressemblance entre ce qu’il se passe ici, en termes d’émanations et l’exposition aux pics de pollution que connaissent régulièrement les grandes villes.

Une journée d’embouteillages interrégionaux, transposition calamiteuse du rêve ancien de mettre les villes à la campagne, risque donc de modifier la vie de 800 personnes ou plus. 

Enfin, c’est ce que nous pensions, car, le temps décrire ce court article, Bison Futé nous informe que le record précédent vient d’être battu : les 1000 kilomètres sont atteints ! 

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Nos calculs sont à refaire ? Même pas, c’est cumulatif !

Nouvelle transhumance égale nouveaux vacanciers, donc nouveaux malades. En additionnant les 8 grands week-ends d’échanges de populations au fil de l’été, nous allons pouvoir compter sur six à dix mille cas préoccupants de plus qu’avant les congés.

Ce n’est pas si important par rapport aux millions que nous comptions déjà, mais, sans doute aurions pu en éviter une grande partie, en ne faisant pas la même chose, au même moment ? Parce que nous nous exposons systématiquement à des nuisances présentes dans l’air, que nous créons nous-même sans aucune retenue.

Que faire ? Mesurer, calculer, modifier, mesurer…

En attendant que nos véhicules ne polluent plus, que les rejets les plus offensifs soient issus de nos haleines, nous devons commencer par prendre un peu plus au sérieux la qualité de notre air, car souvenons-nous que dans ce que nous respirons, la part qui reste en nous est la moins saine.

Il est difficile de fuir l’air que nous respirons, il est compliqué de le filtrer correctement dans une voiture à l’arrêt.

Nous pourrions généraliser les équipements HEPA (High Efficiency Particulate Air (Filter)) qui sont utilisés aussi bien pour les salles blanches que pour les véhicules blindés. La plupart des constructeurs automobiles le proposent ou le feront pour accompagner leurs climatisations dans le haut de gamme. 
Mais dès que l’on sort du véhicule ou que l’on baisse une vitre pour lutter contre l’effet d’enfermement, le problème se repose instantanément.

Moins cher, aussi efficace et maintenant entré dans les pratiques courantes, le masque de protection de qualité FFP2 est une solution toute trouvée.

Peut-on vraiment demander aux conducteurs, à leurs passagers et leurs animaux de compagnie de mettre les masques dès que la concentration de véhicule dépasse les 50 par kilomètre ? Techniquement on le pourrait parce que le calcul de la densité par kilomètre, de la vitesse moyenne, l’observation des conditions météorologiques locales et par conséquent de la variation des taux de pollution est assez facile à déterminer.

Les gestionnaires des grands axes dispensent de l’information et savent très bien la diffuser via les panneaux d’information, les réseaux radios et les moyens d’info-divertissement qui agrémentent les écrans de nos tableaux de bord numériques.

Nous allons aussi avoir de plus en plus de capteurs dans les voitures, pour le Co2 principalement, parce que c’est le souci universel et, espérons, pour des taux un peu moins populaires mais très importants à contrôler, ceux que nous diffusons en sortie des pots d’échappement.

Enfin, nous ne pouvons que fortement recommander l’usage d’outils de capture et de prélèvement, comme notre RespiRobot, placés dans les endroits judicieux, fixes ou mobiles, pour un ensemble d’analyses nous informant dans les détails de ce que nos poumons ont subi. Le support va de plus capturer les nuisances biologiques, virus en particulier, pour obtenir un panel complétant les taux communiqués par les capteurs.

L’objectif est en additionnant les moyens de détection et d’observation, de dresser à moyen terme une cartographie claire des risques que nous prenons.
C’est un plus très net, à condition que cela nous autorise à en réduire les conséquences, pour éviter que dans lors d’un jour proche, le dernier automobiliste à moteur thermique ne s’éteigne victime des émanations des dernières gouttes d’hydrocarbures fossiles, extraites des sous-sols pour être transférées et carbonisées en surface après avoir enduré un processus brutal que l’on présente toutefois comme raffiné.

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